Band of riders a fait l’enduro de Luchon !

A force d’entendre les copains raconter leurs we enduresques l’idée d’en faire un m’a sérieusement titillé.

L’affaire ne s’annonçait pas sous les meilleures auspices. Je visais l’enduro de Vieussan qui fut annulé, puis mon Santacruz TRc cassé repartait en échange sous garantie aux US, et je ne pouvais être présent à l’enduro de Thuir.

Mais je réussissais à m’inscrire avec les copains à l’enduro de Luchon (le 1er) sans savoir avec quel vélo j’allais y aller. A pied, Fred me prête son SC Chaméléon (semi-rigide) monté avec une bonne grosse fourche Fox en 36. 2 sorties plus tard je suis assez conquis par l’outil que c’est et la capacité du vélo a descendre vite avec un train avant diabolique.

Comble de chance Fred me le prête pour faire cet enduro. Voilà un ami qui a confiance en moi. Reste a trouver de roues solides car j’ai quelques craintes pour l’intégrité de ses Ztr Crest…

Et c’est là que Sylvain, dans sa grande mansuétude, me dit « prends mes crossmax sx ! Elles ne font rien. » Ok, elles ont peu de voile, de saut mais au moins cela ne pourra pas être pire. Erreur funeste…

Et nous voilà partis avec Fred et Jérôme à Luchon ou nous rejoindrons Bruno, un gars qui n’amuse pas le terrain…

Le vendredi nous partons faire 2 descentes tranquilles. Fred se fait prendre a froid et se fait une légère entorse du pied. Il descend jusqu’au village mais réalise que le we est bâché d’entrée. La douleur est là et il ne va pas tenter le diable et risque de se gâcher toutes les vacances qui arrivent.

Samedi 27 juillet : 5 spéciales

Nous prenons les oeufs pour monter à Superbagnères.

Prendre son premier départ en course est un grand moment ! Curieusement je ne suis pas spécialement stressé. Tout le contraire de Jérôme et Bruno, très concentrés.

J’ai le n°43 (mon âge, est-ce un signe du destin ?…), sur près 150. A priori une place pas mal car la trace sera balayée mais pas trop, nuance.

Sp1 : Départ sur une draille de pente herbeuse, il ne faut surtout pas s’emballer au risque de s’en prendre une boite d’entrée. Pas bon pour la confiance…

Puis on plonge dans la forêt. Je suis content d’arrêter de pédaler tellement je suis déjà essoufflé ! Sur la terre molle, la trace biscouette  dans tous les sens, passages lents et rapides s’alternent cassant le rythme. J’essaie de piloter propre et double un gars. J’arrive complétement essoufflé sur une piste plate où il faut ouvrir en grand. Super dur quand on est déjà à bloc. Je redouble. Puis on replonge sur un single de terre dans lequel on conserve pas mal de vitesse. Et hop encore un gars de doublé.

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Enfin l’arrivée. Je suis haletant, et sans aucune idée de mon temps, je suis super content de mon passage. Je viens de découvrir un  truc énorme.

32ème au scratch

Sp2 : Après une longue liaison sur piste avec 500 m de d+, le départ démarre sur piste et bascule quasi « dré dans le pentu » sur un single  à peine visible. Comme on a un peu de temps on en profite pour reconnaitre à pieds les premiers hectomètres de la spéciale.

Puis vient mon tour. Départ prudent, j’enquille la pente sans me tromper sur les balises à suivre et rattrape le single à flanc de montagne. Ça file assez vite entre les rochers qui ne sont là que pour bouffer du dérailleur ou de la pédale ! D’autant qu’il a y du gaz sur la gauche et qu’une involontaire incursion hors single ferait perdre beaucoup de temps. Celui de retrouver le vélo dans cette brousse…

Le sentier s’élargit, la vitesse augmente et l’angoisse avec. Les obstacles sont autant de chicanes et de ralentisseurs prêts a se jeter sous mes roues pour me faire tomber.

Passage des plots d’arrivée et une fois de plus je suis heureux de ne pas être parti au tas.

27ème au scratch.

Sp3 : Encore une liaison de fou : 11kms et d+600m. La montée sur route est vite avalée et on retrouve Fred juste avant le ravito. J’en profite pour poser une mèche sur le pneu arrière qui est à plat. Ravito cool à l’ombre. On profite.  On repart sur le single qui ne pose pas de souci particulier mais les derniers kms sur piste seront assez éprouvants : 18, puis + de 20% pas super roulants. Il fait une chaleur accablante et on fini par pousser et porter nos vélos.

J’ai 1h15 avant mon horaire de spéciale. J’en profite pour faire la sieste à l’ombre. Du départ la vue sur Luchon est magnifique.

C’est mon tour. La spéciale démarre entre les fougères sur quelques centaines de mètres. Je ne pars pas complètement à bloc car je ne vois pas grand chose et me méfie de la pierre sournoise qui m’attend cachée rien que pour me mettre au tas. Comme d’hab’ on attrape un single farcit de cailloux en tous genres, de petits sauts et d’épingles.

Las ! Si je réussis à négocier les 4/5ères épingles sans trop de problème, la fatigue, et la presse de Maxime derrière moi, ont fait que j’ai beaucoup plus galéré dans la série qui suivait. Freinages trop tardifs, appels et contre-appels soigneusement ratés font que j’ai commencé à merdoyer sévèrement. Du coup je laisse passer Maxime qui était très à l’aise, lui. Et j’ai pris une petite série de boite à l’arrêt !

La fin sera plus fluide et je serais soulagé de passer la ligne d’arrivée.

51ème au scratch.

Sp4 : On rejoint les oeufs et on remonte à Super-Bagnères.

La liaison descend sur une piste sans difficulté. Et c’est là que je vais faire LA maxi bourde du jour. Je roule relaxe (trop ?) en ondulant sur des virages relevés, je passe deux ravines et ne vois la troisième qu’au dernier moment. Le bruit qui claque sous la roue arrière ne laisse aucun doute : jante cassée !

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Le départ de la spéciale est à 500m…

Le désespoir m’envahit complètement. Je suis anéanti. Je pense que tout est mort pour la fin de journée. Je ne vois pas quoi faire d’autre qu’abandonner.

Et puis je pense aux copains qui m’ont aidé et je me ressaisis. Je démonte la roue, installe une chambre, regonfle tout ça à la vitesse du son. Et je repars. 200 plus loin je suis de nouveau à plat. Tant pis je continue comme cela. De toute façon la roue ne craint plus rien.

J’arrive au départ, attrape Bruno qui me donne sa chambre. J’attaque à nouveau un changement de chambre mais cette fois à la vitesse de la lumière. Sous les yeux d’un paquet de gars qui me regardent incrédules.

On m’appelle au départ. Oui bon d’accord mais je bricole encore.  Finalement je me positionne sur la ligne avec 120s de retard. Et c’est parti.

Je donne tout dès le début. J’avale les virages relevés à bloc, contourne les grosses pierres, esquive les ornières, enroule les petits sauts et 400 m après je suis de nouveau à plat ! Tant pis je ne lâche rien. Tant que cela ne déjante pas, je continue. Coup de chance le terrain est assez lisse et sans pierres. Seuls les dévers me posent des difficultés.

Je me bats contre le vélo, la pente, les virages, les bosses, bref la terre entière.

La ligne d’arrivée est en vue; ouf c’est terminé.

88ème au scratch.

J’avise Fred qui est encore là. Il me donne sa chambre. Je répare une 3ème fois aussi vite que possible. Il y a 2.5 kms de liaison et +-80 m de d+. Je pars le couteaux entre les dents de peur d’arriver en retard au départ suivant. Finalement j’aurais de l’avance.

La roue est tellement voilée qu’elle frotte sur la base. Avec Fred on entreprend de la détordre (oui, à ce point on ne parle plus de dévoilage…). Ce que nous réussissons partiellement à faire. Au moins elle ne frotte plus.

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Sp5 : J’ai une grosse envie de bien faire. Je décide de piloter propre et fluide et de ménager ma monture.

C’est parti ! J’adore ce terrain souple, sans trop de cailloux, en sous-bois et qui se roule proprement. Superbes single rapides, descentes raides, contournements d’obstacles, passage de troncs, petits sauts, tout se déroule impeccablement.

Je fais 27ème au scratch.

Fin de cette première journée. Je suis plus fatigué que je ne pensais l’être.

Une 32ème place au générale me satisfait assez.

Il y a de la réparation dans l’air. Jérôme me prête gentiment sa roue arrière de réserve.

Le ciel est menaçant et des orages sont annoncés pour la nuit. Du coup  je monte à l’arrière un highroller. Peut être pas la meilleure idée de la soirée…

Dimanche 28 juillet : 2 spéciales

Il a plut une bonne partie de la nuit. Clairement les parties en sous-bois s’annoncent compliquées; mais à ce point…

Aujourd’hui l’ordre de départ est celui du scratch cumulé du samedi. Donc il faut rattraper le gars devant pour gagner des places; et ne pas se faire rattraper bien sûr…

On prend les oeufs une 3ème fois. Et on monte un moment pour aller chercher un point le plus haut possible ou presque.

Sp6 : Le départ s’effectue sur une piste herbeuse bien mouillée… et on reprend la Sp1 de la veille plus toute une partie qui nous ramène à Luchon. Cette spéciale s’annonce longue, + de 8 kms.

Un peu avant de partir je constate que mon pneu avant est bien dégonflé. L’altitude ? Mouais, j’en sais rien. Je regonfle. Le fait est que j’aurais du contrôler mon pneu à la fin de la spé’. Cela m’aurait sans doute éviter des ennuis ultérieurs…

Encore une fois je pars prudemment sur la piste humide. Finalement le grip est bon. Je suis déjà essoufflé lorsque j’enquille la draille. Je baisse le rythme et reste hyper concentré pour ne pas aller à la faute. La rentrée dans le bois sonne le glas de ma capacité à piloter. Cela glisse de partout, c’est « holidays on mud » ! Instantanément je n’arrive plus à rien. J’ai le sentiment de ne plus savoir rien faire sur un vélo. C’est alors un festival de glissades, chutes et autres pertes de contrôle. L’adhérence est quasi nulle. Je passe presque plus de temps a glisser par terre le vélo à la main que sur la selle. L’arrivée sur la piste me soulage. Je vais pouvoir envoyer les watts. Mais je suis tellement à la couenne que je vais me contenter d’allonger le pédalage au maxi. Mais je doublerai quand même un concurrent.

On quitte la piste pour replonger dans un single, nettement plus roulable que le précédent. Je vais quand même me vautrer 2 ou 3 fois. On passe la ligne d’arrivée de la veille et on ré-attaque une piste descendante. Et je réussis enfin à faire parler la poudre (enfin, c’est une image). On traverse un hameau, petite remontée, un pont a traverser vite mais avec circonspection sinon c’est direct dans le ruisseau…

Et là la piste remonte, je vois un gars devant, je donne tout ce que je peux pour le rattraper et le double avant le prochain single. En vain, il m’a vu et accélère. J’échoue à 15m derrière lui à l’entrée du sentier. Justement un single comme je les aime. Propre, rapide, imposant des trajectoires bien tendues. C’est la guerre ! Au terme d’une série de 7 whoops très rapides je recolle le gars et le passe juste avant une grosse cassure qui tombe sur la piste.

Grisé par la vitesse et le dépassement je décolle comme une brute et me prend un arbrisseau à l’attero; du coup une belle boite à le clé ! Je remonte mais le gars me repasse, l’arrivée est 50m plus loin, je fini dans sa roue.

On se congratule et riant car on s’est tiré une sacrée bourre.

41ème au scratch.

Et c’est parti pour une terrible liaison. On traverse gentiment Luchon et on quitte la route de Super-Bagnères pour monter en poussant puis en portant le vélo un sentier moyennement pentu au départ, puis devenant une piste avec un pourcentage trés marqué. Il faut chaud, humide et l’armure me fait transpirer comme jamais. Je suis dégoulinant. Pas mal de gars l’on dans le dur. C’est sûr certains vont être en retard à leur heure de départ. On va faire +- 400 m de d+ dans ces conditions. C’est long…

J’arrive avec 20mns d’avance sur mon horaire.

Sp7 : Le départ commence avec un saut de marche. Je suis super dubitatif quand au fait de démarrer sur un truc pareil. Finalement cela passera bien.

Sentier en terre, quelques rochers disséminés deci-delà, puis 300 m plus loin je saute un gros rocher. « Mesdames et Messieurs le commandant de bord Christophe vous prévient que l’atterrissage va être mouvementé »… En effet j’atterris sur la roue avant, guidonne et j’entends l’air partir du pneu avant. Tain’ j’ai déclipsé. Une crevaison lente en fait. Et je me couche 10m plus loin. Je tâte le pneu : quasi à plat. S’il reste 400 grs de pression c’est bien le maxi. Tant pis ! Comme la veille je roule et on verra ce qu’il adviendra.

Évidemment tout ce complique encore une fois. Je me positionne le plus en arrière possible pour soulager l’avant. Moi qui suis nul en « manual » ;-).

Je passe à pieds les cailloux, prend deux pelles sur la fin, passe sur le bitume et sous les oeufs en courant, remonte sur le vélo, saute (!) les marches des oeufs et réussis à négocier sans tomber les 2 derniers virages au bord des allées d’Etigny, au centre-ville de Luchon.

Et le pneu n’a plus du tout d’air. Il était temps que cela se termine.

J’ai limité la casse : 72ème au scratch

Enfin c’est fini et sans gros bobos physique. Une gageure pour moi.

On rigole avec les copains, on remballe, direction le gîte, douche etc…

On revient pour le repas et remise des prix. Et quelle remise !

Bruno fait 2ème en master 1/2

Jérôme fait 2ème en master 3/4/5

et énorme surprise pour moi je fais 2ème en Endurigide. Pour une première…

On dira que c’est la chance du roockie. Quoique je n’ai pas été épargné par les ennuis.

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Conclusion : j’ai découvert un truc génial. J’adore. Du coup j’envisage de faire la saison 2014 du championnat Midi-Pyrénées et pourquoi pas le trophée Pyrénéen…

Enfin là je n’en parle pas trop à la maison parce que… Mais je pense déjà au vélo que je vais me monter ;-).

Prochaine aventure, si tout va bien dans la préparation, l’Ultra Raid de la Meije en septembre.

Christophe

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